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Faire face à la crise : Inventer de nouvelles façons de travailler chez Inseraction

Inseraction est une association sociale et médico-sociale de 21 salariés dont l’objectif est d’aider personnes et familles à s’engager dans une dynamique de réinsertion sociale et/ou professionnelle. Pour réussir à poursuivre les accompagnements des bénéficiaires, l'association a du réinventer son organisation du travail et sa façon de travailler.

Quelle stratégie face à la crise ?

A l’annonce du confinement la structure a été, dans un premier temps, fermée au le public car beaucoup d’activités de suivi sont réalisées en face à face avec les bénéficiaires.

Dans un deuxième temps, il a fallu mettre les collaborateurs en télétravail. C’est une façon de travailler qui était inconnue chez Inseraction. Il n’y avait pas d’accord ou de charte télétravail, le télétravail a été en quelque sorte improvisé : « Certains n’ont pas forcément Internet à la maison, d’ordinateur et surtout pas de ligne téléphonique professionnelle c’est donc compliqué de faire du télétravail sans être équipé ». Les 15 premiers jours du confinement ont donc consisté à mettre au point sur les conditions de mise en œuvre du télétravail.

Il n’y a pas eu de recours au chômage partiel et seules 2 personnes ont eu recours à un arrêt de travail pour garde d’enfants.

Faire face à la crise : Inseraction

Le télétravail, les nouveaux outils numériques et la continuité des accompagnements :

En parallèle du télétravail, sur la base du volontariat et par rotation des volontaires, des demi-journées de permanences ont été organisées quotidiennement dans le respect des gestes barrières : « J’ai procédé par sondage doodle limité à 5 salariés en même temps : honnêtement, les 4 premiers jours je n’ai pas eu beaucoup de volontaires. Alors au bout de 15 jours j’ai contacté les collaborateurs pour leur dire qu’il fallait faire vivre ces permanences » explique Mme Dubourg directrice d’Inseraction.
Un abonnement a une application « My Collaborate », outil collaboratif permettant de réaliser des appels visio et des web-conférences, qui n’était pas utilisé auparavant a été contracté : cela a permis à certains collaborateurs de rentrer dans l’ère numérique et de découvrir l’intérêt d’utiliser les réseaux sociaux à titre professionnel.
L’association a créé une page facebook : « Nous voulions le faire auparavant mais cela ne s’était jamais concrétisé. Nous avons aussi mis en place une chaine youtube pour maintenir la dynamique collective à distance » stipule Mme Dubourg.
Des tutos maisons ont aussi été réalisés sur l’esthétisme, la diététique, pour garder le lien avec les bénéficiaires.

En ce qui concerne les accompagnements, certains bénéficiaires ont préféré les reporter tandis que d’autres souhaitaient les maintenir. Pour les collaborateurs qui continuaient à avoir des accompagnements, ils ont été jusqu’à fractionner leurs CP, afin de pouvoir continuer les accompagnements et les permanences. « D’ailleurs, les permanences sont de plus en plus exploitées, car les collaborateurs ont besoin de sortir de chez eux ».
Le suivi à distance : pour certains bénéficiaires, la thérapie à distance peut être assez bénéfique donc cette pratique de travail va être conservée dans les futures modalités d’accompagnement.
Une nouvelle proposition a été faite aux partenaires pour créer du lien avec les bénéficiaires, « Ecoute COVID19 » que certaines structures (CCAS) ont vite accepté : depuis le confinement 20 accompagnements à distances se sont mis en place.

Le dialogue social et les relations professionnelles durant la crise

Durant le confinement, une rencontre a été organisée avec le CSE, notamment pour trancher la question des CP durant cette période : un accord d’entreprise a été négocié, avec l’accompagnement d’un cabinet d’avocat, et la prise de 4 jours de congés payés en continu ou fractionnés a été imposée pendant la période des vacances scolaires d’avril.

Par contre, ayant maintenu l’activité, le choix de reporter les congés N-1 au 31 août plutôt qu’au 31 mai, a été fait pour permettre aux collaborateurs d’avoir de vraies vacances.

Les collaborateurs ont été associés via les représentants du personnel et une prise de contact individuelle a été réalisée avec chacun d’eux au début du confinement.

Globalement, l’équipe est restée très investie. Il a fallu gérer le risque d’isolement et de « décrochage ». Pour les collaborateurs : « Je m’aperçois que les relations actuelles sont différentes des relations d’avant confinement. D’ailleurs, des groupes ont été créés par pôle d’activité, sur « My Collaborate ».

Un constat en rapport avec le management du travail : les salariés ont beaucoup d’attentes vis-à-vis de la direction, il est donc important de faire attention au management à distance et surtout faire en sorte de maintenir le lien avec eux. « Je ressens qu’ils ont besoin de temps collectif mais aussi de temps individuel, prendre un temps exclusif avec chacun d’eux pour prendre des nouvelles par exemple. C’est la question du lien social que les salariés n’ont plus en télétravaillant » précise Mme Dubourg.

Envisager la reprise

Pour être bien équipés il y a eu achat d’un stock de gel désinfectant, et des masques seront fournis.

La reprise se fera avec trois modes d’organisation du travail : le présentiel dans les locaux, le télétravail et un système de rotation des salariés pour concilier au mieux vie professionnelle et vie personnelle.

Le CSE est consulté pour travailler sur cet objectif reprise. Mme Dubourg explique qu’un bilan de cette période va être réalisé et certaines nouvelles organisations pourront être maintenues avec des améliorations potentielles si besoin est : le télétravail, le développement des outils numériques.

« Du coup nous souhaitons officialiser et formaliser le télétravail en préparant un accord télétravail. Cette modalité est intéressante mais il est nécessaire de l’organiser, d’avoir le matériel adéquat et surtout de définir le cadre. En interne, nous avons une vision plutôt positive sur notre nouvelle organisation qui a créé de nouvelles opportunités et de nouvelles façons de faire. C’est une période qui n’est pas facile, mais nous nous sommes organisés ».

Quels enseignements ?

  • L’importance du suivi management à distance : les salariés ont besoin d’être accompagnés durant cette période avec une écoute personnalisée et la mise en place de points de repère et d’objectifs de soutien.
  • La nécessité de poser un cadre organisationnel et juridique pour la pratique du télétravail.
  • L’écoute des besoins et des appréhensions des collaborateurs dans une période de crise inédite : la réponse d’organisation du travail ne peut être unique, elle s’adapte au contexte des salariés et de l’association c’est un équilibre à trouver qui a pu être appuyé dans les échanges avec le CSE.
  • Le rôle du CA par son écoute et son soutien dans les décisions collectives et la vie de la structure.
  • L’innovation dans la façon de collaborer au sein de l’équipe et de développer des nouveaux outils pour les bénéficiaires.
  • L’importance de montrer aux financeurs que l’association se réinvente et innove.
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